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Les Rencontres d'Arles 2025 : nos expositions coups de cœur

Publié le : 22/07/2025 11:30:21
Catégories : Actualité du laboratoire

Les Rencontres d'Arles 2025 : nos expositions coups de cœur

De retour à Paris après un périple arlésien en Labo Mobile à l'occasion de la semaine d'ouverture des Rencontres d'Arles, on s'est mis d'accord pour dire qu'il ne fallait surtout pas que vous ratier ça cet été. Alors on a décidé de vous partager à travers cet article nos 3 expositions coups de cœur (en vrai il y en a plus mais ça serait trop long, et on ne veut pas tout vous spoiler). Si vous adorez faire des expos, que vous aimez plus que tout la photographie et que vous êtes de passage dans la région cet été, courrez-y, vous avez jusqu'au 5 octobre 2025.

Vous y découvrirez des œuvres en noir et blanc ou en couleur, des tirages vintages tirés par l'artiste lui-même quelques fois, des tirages plus modernes, en argentique, ou en numérique, de photographes célèbres ou d'artistes émergeants de la scène contemporaine, à travers des lieux atypiques d'Arles ou des monuments culturels historiques qui en valent le détour.

1. Letizia Battaglia ≪ J'ai toujours cherché la vie ≫

Letizia Battaglia (1935‑2022) est présentée pour la première fois aux Rencontres d'Arles. Figure emblématique de la photo italienne journalistique, il était important que son travail soit montré au sein du Festival, en lui consacrant une place de choix au sein de la remarquable Chapelle Saint Martin du Méjan. 

Au cours de sa carrière, Letizia a photographié Palerme avec toute son humanité, de la vie à la mort, d'où le titre de l'exposition "J'ai toujours cherché la vie". Après des débuts dans la presse italienne au début des années 1970, elle rejoint L'Ora, à Palerme, où elle documente pendant plus d'une décennie la violence de la mafia. Elle voit son travail photographique non pas comme une forme d'art mais comme un métier, à travers lequel elle dénonce dans les journaux quotidiens la réalité de la misère de la ville, liée à la mafia, ce qui est censuré. Face aux clichés poignants de scènes de crimes et de corps sans vie présents au centre de ses photos, l'idée à travers cette exposition a été de mettre en miroir cette violence avec des images pleines de vie, joyeuses : des repas en famille, des enfants qui jouent au ballon, les fêtes religieuses, des portraits de jeunes filles, la vie quotidienne des habitants, des amoureux qui s'embrassent...

L’exposition retrace son travail à travers plus de 100 œuvres, livres, publications et magazines illustrant son engagement humaniste hors norme. On y découvre non seulement l’impact politique de ses images et visuel, en théâtralisant les scènes de crimes en étant à l'intérieur de la scène, mais aussi son regard esthétique sur les fêtes religieuses, les fêtes populaires et la vie quotidienne des habitants de Palerme.

Ce qui nous a marqué :
La maîtrise entre tragédie et espoir : chaque tirage photographique évoque autant la mort que la persistance de la vie.
La confrontation brutale mais nécessaire aux violences des années 1970–80, contrebalancée par des visages d’humanité et de résilience.
La dimension éditoriale et militante, notamment ses grands formats publics à Palerme, symboles d’un journalisme d’alerte et de terrain.

Avis : Un parcours bouleversant, engagé, équilibrant guerre mafieuse et célébration de la vie. À découvrir de toute urgence.

   
➡️ À voir jusqu'au 5 octobre 2025 au (11) Chapelle Saint-Martin du Méjan à Arles

2. Le Monde de Louis Stettner (1922-2016)

Brooklyn, Paris, métros et gares d’après‑guerre : Louis Stettner (1922‑2016) offre un savant mélange entre la street photography américaine et la photographie humaniste française, dans une esthétique sobre, géométrique, pleine de poésie. Il s'intéresse à la photo quand il comprend qu'elle peut être un moyen d'expression personnelle et pas seulement du reportage. On trouve dans cette rétrospective près de 150 photographies – certaines inédites et tirées par l'artiste – accompagnées de documents d’archives, planches contact et écrits personnels. L'ambiance qui se dégage de ses images nous fait penser à un fiction, à un film noir. Ses noirs et blancs sont mystérieux voire étranges, avec une composition résolument graphique. Très impliqué dans la défense de la photo humaniste, il place souvent l'homme au centre de l'image. Révolté contre les injustices sociales, il réalise une série sur les travailleurs, saisissant leurs gestes, leurs corps, dans l'anonymat. Il descend dans le métro pour photographier les expressions des gens qu'ils croisent, ceux qui partent au travail.

L’exposition révèle aussi sa pratique méconnue de la sculpture et de la peinture. Il s'autorise des nus, des abstractions, des variations de couleur, dès qu'il ressent le besoin de faire une pause dans sa pratique de la photo. Il disait "Quand je sculpte, je me dis que je devrais faire de la photo, et quand je fais le photo, je me dis que je devrais faire de la sculpture.". À 90 ans, il s'embarque dans une série dans les Alpilles avec une chambre pour y photographier 14 fois en tout des arbres et leurs troncs.

Ce qui nous a marqué :
L’élégance de ses compositions urbaines où la géométrie et les gestes humains dialoguent.
Les séries New York / Paris, qui capturent un monde en reconstruction après guerre, porté par une humanité discrète mais vibrante.

Avis : Une plongée attentive et raffinée dans l’après‑guerre, où l’ordinaire devient sublime. Un hommage sensible à un photographe qui capta l’essence du quotidien.

   
➡️ À voir jusqu'au 5 octobre 2025 au (4) Espace Van Gogh à Arles

3. David Armstrong

À LUMA Arles, la Tour de Frank Gehry abrite au niveau souterrain une exposition ancrée dans le silence et l’intimité de David Armstrong (1954‑2014), figure clé de la Boston School, ami de Nan Goldin. Ce parcours s'articule autour de portraits vintage grand format aux murs, de tirages argentiques originaux et de paysages énigmatiques, révèlant un artiste centré sur l’émotion, la perte et la mémoire. Au centre de l'espace bétonné se trouve de grands plans de travail vitrés renfermant une quantité faramineuse de planches contact moyen format souvent griffonnées. Cette démarche nous offre les coulisses des portraits captés en noir et blanc d'une jeunesse new-yorkaise des années 1970-1980 à l'esprit libre et rebelle, que l'on peut s'amuser à retrouver sur les murs de l'exposition.

Dans une seconde pièce, le contraste est marquant : des panneaux numériques diffusent un diaporama de ses photographies en couleur. Le format change aussi, nous assistons non plus à des portraits sensibles mais à un plongeon dans une époque insouciante, on assiste à des scènes de la vie quotidienne, des soirées en appartement, des poses dans des décapotables, des préparatifs de fête ou de balades à la plage. Les images et la puissance des couleurs sont saisissantes, elles témoignent d'une époque, d'une génération qui s'amusait à employer une certaine attitude face à la vie.

Ce qui nous a marqué :
Ses portraits, comme Cookie at Bleecker St. ou Stephen at Home, respirent la confiance et la tendresse, dévoilant des instants suspendus.
Les paysages vaporeux, témoins silencieux de l’après‑AIDS, renforcent une atmosphère de nostalgie et de fragilité de l’existence.
La mise en avant du travail photographique argentique, déclenchant une certaine immersion et proximité dans le travail du portraitiste.

Avis : Une exposition d’une délicatesse rare. Dans ce bunker d’images, Armstrong nous rappelle la force du regard simple et affectueux. Une expérience immersive, presque méditative.

   
➡️ À voir jusqu'au 5 octobre 2025 au (22) La Tour Luma à Arles

Ces trois expositions partagent une même profondeur humaine : du reportage engagé de Battaglia, à la poésie urbaine de Stettner, en passant par l’intimité douce-amère d’Armstrong. Chacune invite à s’arrêter, regarder, ressentir. À Arles 2025, ce Top 3 nous a touché par sa capacité à rendre visible l’invisible et à faire vibrer l’émotion par l’image.

Les Rencontres d'Arles
Du 7 juillet au 5 octobre 2025
Arles, 13200

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